jeudi 11 juin 2015

Dissipons quelques malentendus...

L'écho républicain a publié hier, mercredi 10 juin 2015, l'article issu de l'interview menée avec la journaliste Madame Beaudouin, que nous remercions pour son travail. Pour lire cet article dans sa version internet, cliquez ici.

Nous voudrions néanmoins faire quelques commentaires à cet article et y apporter quelques précisions et compléments.

Tout d'abord nous sommes très rassurés que l'article précise bien que l'opposition à la Wifi ne signifie en aucune façon l'opposition à l'entrée de l'école dans l'ère du numérique, bien au contraire. Le discours de l’Éducation Nationale entretient la confusion entre le numérique et le sans fil. Or, l'accès aux contenus numériques ne nécessite nullement le Wifi. La solution optimale reste la connexion filaire, pour des raisons de santé surtout, mais aussi pour des raisons de régularité de débit et de bande passante. En effet, les connexions filaires sont plus stables et bien plus rapides que le Wifi. Le surcoût du filaire n'est pas aussi grand qu'on peut l'entendre dire, il s'agit surtout d'une volonté politique.

Son devoir d'objectivité journalistique oblige Madame Beaudoin à préciser que:
« Les effets secondaires ne sont pas avérés. Il s'agit simplement de suspicions. Eux-mêmes reconnaissent que peu d'études ont été menées sur les ondes générées par le wi-fi. »
Il est vrai que le discours des autorités sanitaires peut laisser croire qu'il ne s'agit que de suspicions. Nous voudrions néanmoins attirer l'attention sur le fait que dans son dernier rapport sur les radiofréquences datant de 2013, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) a tout simplement balayé, sous prétexte de méthodologie scientifique incompatible, tout le rapport BioInitiative 2012 qui recense plus de 3000 études qui toutes montrent des effets pathogènes. Par contre, même l'ANSES qui semble plus acquise à la thèse de l'innocuité, reconnaît comme scientifiquement valides des publications qui montrent des effets sur les gènes, sur l'augmentation des tumeurs cérébrales ainsi que sur les fonctions cognitives (mémoire, concentration, raisonnement). Leur discours officiel est d'ailleurs très contradictoire:



Analysons un peu ce discours:
« Les nombreuses études disponibles ne permettent pas de mettre en évidence d'effet sanitaire "avéré" des radiofréquences. »
Ce mot "avéré" est en fait éminemment important. Qu'est-ce qu'il nous dit au juste ? Il nous dit que pour l'instant il n'existe aucun consensus scientifique, tout comme il n'existait pas de consensus scientifique à propos des effets néfastes de l'amiante il y a de cela encore une trentaine d'années et tout comme il n'existe pas encore de consensus scientifique sur les pesticides et les OGM. Il suffit donc de faire ce simple constat pour qu'on applique immédiatement le principe de précaution, puisqu'il y a au moins autant d'études qui montrent un effet pathogène. D'ailleurs Monsieur Mortureux le précise bien:
« Toutefois certaines publications évoquent la possible augmentation du risque de développement de tumeurs cérébrales pour les gros utilisateurs de téléphones portables et sur la longue durée. »
Il fait ici non seulement référence à la fameuse étude Interphone (financée en partie par les industries mobiles) mais aussi de sa confirmation par les statistiques en Angleterre, au Danemark et en Suède où les tumeurs cérébrales (gliomes) chez les enfants ont augmenté de 40% en 10 ans. Cela corrobore les trouvailles de l'étude Interphone qui a constaté une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale de justement 40% pour les gros utilisateurs de portable. Mais comment est défini un gros utilisateur de portable? Tenez-vous bien: est un gros utilisateur de portable celui qui cumule 1640h de téléphone portable sur 10 ans. Cela correspond en moyenne à 27 minutes par jour seulement!

Mettons cela en perspective pour nos collégiens:

En dessous de la version papier de l'article qui nous a été consacré, figure un autre article intitulé "Au Rectorat, on travaille sur le Wifi depuis cinq ans, sans crainte". On y lit:
"Il faut savoir que le Wifi rayonne dix fois moins à sa puissance maximale qu'un téléphone mobile. Pour les bornes installées dans un coin de la classe le champ électromagnétique est encore dix fois moindre aux environs d'un mètre. De plus, la borne ne rayonne pas en permanence"
Ce que ce discours de l'Education Nationale semble oublier, c'est qu'une tablette tactile est en elle-même une borne Wifi, qui reçoit et émet des données à moins de 30 cm du corps de nos élèves.

Cela signifie que pendant le temps où une activité pédagogique se sert des tablettes, chaque élève est exposé non seulement aux rayonnements de sa propre tablette mais aussi aux radiations des 19 autres tablettes de ses camarades (pour une petite classe de 20 élèves). S'ajoute à cela l'augmentation des rayonnements de la borne Wifi pour servir les 20 tablettes en activité. Vu la présence de 20 bornes-Wifi-tablettes plus une borne-serveur, un élève sera exposé à un champ de rayonnement électro-magnétique intense et surtout ambiant, c'est-à-dire non localisé à l'oreille.

Il suffirait 2 heures et 20 minutes d'utilisation de la tablette tactile par jour de cours et pendant 4 ans pour atteindre les 1640 heures qui étaient calculées sur 10 ans. Si on inclût toute la scolarité de l'enfant (5 ans de primaire, 4 ans de collège et 3 ans de lycée), 36 minutes d'activités sur tablette par jour suffisent pour atteindre le quota de 1640 heures au bout de 12 ans.

De plus, nous le répétons encore une fois, ce n'est pas la puissance du champ électromagnétique qui est en cause, mais bien la nature et structure physique du signal émis. Il s'agit en effet d'hyperfréquences quasiment absentes de notre champ électromagnétique naturel. Notre espèce n'a pas évolué en présence de ces hyperfréquences (2,45 GHz pour le Wifi). S'ajoute à cette hyperfréquence porteuse des extrêmement basses fréquences pulsées. Ces deux types d'ondes, les hyperfréquences et les extrêmement basses fréquences, ont toutes deux été classées "potentiellement cancérigène" par l'OMS.

Par ailleurs, de nombreuses études montrent des effets sur la qualité du sperme et sur les fonctions cognitives justement à ses "faibles" puissances dont l'Education Nationale se réclame. Même l'ANSES relaie cette information, en essayant bien sûr de minimiser l'impact de ces études:
« Certaines études pointent effectivement, avec des niveaux de preuve limités, certains effets biologiques qui peuvent toucher effectivement la fertilité mâle, qui peuvent toucher aussi aux fonctions cognitives. Ce sont des effets biologiques pour lesquels on ne peut pas à ce stade mettre en évidence d'effet sanitaire, c'est-à-dire de développement de pathologies. L'ANSES déconseille aux parent l'utilisation des téléphones portables pour les enfants, notamment l'usage à l'oreille, car le cerveau des enfants est moins bien protégé que celui des adultes. »
Pour être réellement pris au sérieux, le discours des autorités sanitaires et de l'Education nationale qui les prend pour référence, se révèle trop contradictoire et semble ainsi vouloir ménager les intérêts de l'industrie mobile plutôt que d'encourager le principe de précaution. En effet, la position officielle tenue dans cette interview peut tout autant servir à l'industrie mobile pour dédramatiser qu'aux associations citoyennes pour alerter.

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