dimanche 31 mai 2015

Les écrans et le développement intellectuel et social de l'enfant

T'arrives à capter la Wifi sur ce truc, toi ???
"Laisser les enfants devant les écrans est préjudiciable". C'est ainsi que le directeur en neurosciences à l'INSERM, Michel Desmurget, titre son article dans Le Monde du 8 février 2013 pour opposer à l'Académie des Sciences un appel signé par lui-même ainsi qu'une soixantaine de scientifiques et de chercheurs spécialisés en neurosciences, addictologie, psychiatrie et psychologie du développement.

Pourquoi cet appel ? Pour opposer leur avis scientifique à celui soutenu par l'Académie des sciences deux semaines plus tôt dans un rapport intitulé "L'enfant et les écrans" qui non seulement minimise les effets des écrans (télévision, ordinateur/internet, tablette, smartphone) sur le développement des enfants, mais semble, selon les signataires de l'appel, tout simplement ignorer l'état du savoir scientifique dans ce domaine qui constate majoritairement des effets négatifs sur le développement de l'enfant et des ados quand ils passent trop de temps devant un écran que ce soit la télévision ou la tablette tactile.

Ainsi, Monsier Desmurget déplore que dans le rapport de l'Académie
"rien n'est dit de toutes les études scientifiques et institutionnelles liant causalement la consommation numérique, interactive ou non, des enfants et adolescents avec l'existence de troubles de l'attention et de difficultés scolaires."
L'auteur continue de mettre en cause l'avis de l'Académie des Sciences:
"Pourtant, des milliers de recherches scientifiques signalent des influences délétères importantes de la télévision, d'Internet ou des jeux vidéo sur le développement intellectuel, la sociabilité et la santé, bien au-delà des premiers âges de la vie et pour des consommations largement inférieures à deux heures quotidiennes."
Ces deux citations sont un exemple parfaitement représentatif du "débat" autour des ondes artificielles du sans fil. Tout comme dans le dossier du sans fil, les avis officiels en matière de "consommation numérique" nous rassurent et semblent ne trouver aucune certitude sur un lien causal entre le temps passé devant un écran et les troubles du développement, alors que des milliers d'études scientifiques du monde entier montrent le contraire, et cela à des temps d'exposition aux écrans bien inférieure à la moyenne qui est de quatre heures pour les enfants et ados européens.

Comment on en arrive alors à ce qu'une institution officielle prestigieuse telle que l'Académie des Sciences arrive à rendre un avis aussi éloigné du savoir scientifique actuel ? La réponse est étonnamment simple: les organismes officiels ferment tout simplement les yeux sur les études scientifiques contraires à leur agenda, quand bien même ces études sont majoritaires. Et Monsieur Desmurget de continuer:
"Cette réserve semble d'autant plus fondée que les auteurs de l'avis négligent à la fois de citer la moindre étude corroborative et de prendre en compte une masse imposante de résultats contraires à leurs propos."
"Rien non plus sur les évaluations indépendantes du Département de l'Education Américain montrant que les onéreux logiciels éducatifs sont parfaitement inefficaces. Rien encore sur le fait qu'aux Etats-Unis, face à ces observations, des écoles initialement en pointe dans le domaine numérique retirent aujourd'hui les ordinateurs des salles de classe. Rien !"
Cela rappelle étrangement le discours sur la soi-disante incertitude sur la nocivité des ondes artificielles du sans fil. D'un côté, il existe une masse importante d'études scientifiques qui montrent clairement des effets biologiques non-thermiques, de l'autre nous avons des rapports officiels qui tout simplement balaient d'un revers de main ces études en déclarant qu'elles ne correspondraient pas à la méthodologie retenue et admise.

Ceci est très commode, car tirer le débat dans l'arène de la méthodologie scientifique désarme le consommateur lambda que nous sommes, en le laissant perplexe devant des considérations méthodologiques d'ordre purement technique et formel sur lesquels nous ne nous permettrons aucun jugement (à moins d'être spécialiste, bien sûr).

Ainsi la stratégie du doute reprend tous ses droits en installant dans nos esprit l'incertitude et l'indécision. Et très vite on associe l'incertitude à une sorte de preuve d'absence de risque. Est-ce que ce n'est justement pas l'incertitude qui devrait nous motiver pour prendre des mesures protectrices ?

Voici l'article de Michel Desmurget dans son entièreté sur lemonde.fr: ici

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